L’interview éclairante du mois avec Morgane Le Breton

Bonjour Morgane, pouvez-vous vous présenter ainsi que votre entreprise ?

Je suis Morgane Le Breton, cogérante de Maison Le Breton, une entreprise familiale spécialisée dans la production et le négoce en vins, située à Combaillaux (34). L’entreprise compte 17 collaboratrices et collaborateurs. Nous produisons 1 million de bouteilles pour 3,3 millions de chiffre d’affaires.

Quel rôle joue votre entreprise dans le développement économique et social du territoire où elle est implantée ?

Nous exportons 90% de notre production, ce qui peut paraître paradoxal, mais la valeur que l’on crée sur le territoire se répercute à travers l’Europe. On développe notre impact sur le territoire à travers notamment la sensibilisation et la formation. Nous collaborons avec des stagiaires et des alternants afin de former les talents de demain et d’apporter de nouvelles perspectives et un nouveau regard sur le secteur du vin. Nous développons un modèle d’affaires qui permet de créer des petits collectifs pour faire la promotion de la consommation du vin responsable grâce, notamment, à un système d’ambassadeurs.

Maison Le Breton est Société à Mission depuis octobre 2021 – et la première entreprise viti-vinicole familiale à être société à mission en France.

Comment l’ancrage territorial de votre entreprise contribue-t-il à atteindre vos objectifs de société à mission (le Bon, le Bien et le Beau) ?

La relation à notre territoire imprègne chacun des piliers de notre mission.

Par rapport au « Bon », notre objectif est de faire du bon vin. Nous sommes producteurs et négociants, nous achetons du vin et des raisins à des partenaires voisins. Nous avons des objectifs de volumes de vin achetés certifiés à hauteur de nos exigences : labélisés HVE Haute Valeur Environnementale et Vignerons engagés… Ces certificats permettent d’engager les acteurs de la filière dans le mouvement du vin responsable.

Concernant l’objectif du « Bien » et sa qualité environnementale, on cherche à faire des actions en faveur de la biodiversité en rejoignant, par exemple, l’OFB (Office Français de la Biodiversité), en devenant entreprise engagée pour la nature et en encourageant à la fois notre collectivité, notre mairie et notre commune à s’engager dans ce programme avec nous.

Le « Beau » est un objectif statutaire de partage et d’expérience qui va au-delà du vin et de la vigne. Lors des vendanges qui viennent de se terminer, nous avons reçu les classes de maternelles et de primaires de notre commune afin de leur faire découvrir les secrets de fabrication du vin, dès la récolte. Au programme des classes de primaire, on retrouve l’étude de la machinerie de la vigne.

Avez-vous mis en place des initiatives spécifiques en faveur du territoire et de ses habitants dans le cadre de votre modèle de société à mission ?

Nous cocréons une parcelle de vigne avec les habitants et les associations de la commune. Nous définissons ensemble ce qui constituera la parcelle et tentons de trouver un équilibre entre la biodiversité de la garrigue existante et la vigne. On explore également l’agroforesterie. On apporte un regard nouveau à nos concitoyens sur la manière de produire du vin : nous avons besoin d’arbres, de nichoirs à mésanges et à chauve-souris, nous devons sanctuariser certains arbres sur une parcelle donnée, etc. Tout cela est nécessaire.

Notre domaine s’étend sur 200 hectares de terre au total. Des personnes se baladent sur ces terres, y font leur footing. Ils ne sont pas forcément nos clients mais ils sont parties prenantes. On met en place au fur et à mesure des panneaux explicatifs de la biodiversité présente sur le domaine afin de permettre à ces personnes que l’on ne connait pas et que l’on ne croisera peut-être jamais, de se familiariser avec les plantes qui les entourent. Tout cela grâce à des affiches sur la flore, le type de sol et de terres, les différents cépages.

Comment collaborez-vous avec les acteurs locaux (collectivités, associations, entreprises) pour renforcer l’ancrage territorial de votre entreprise ?

L’idée de la parcelle collaborative expliquée précédemment est née lors du comité des parties prenantes (mis en place dans le cadre de la démarche RSE de l’entreprise en 2018, NDLR) de l’année dernière. Elle a émergé lors d’une table ronde réunissant des associations, des professionnels, des institutions sur le thème du développement économique local. Une belle manière de concrétiser ces échanges.

Est-ce que votre démarche crée un effet de levier positif sur le territoire ? Sur les autres acteurs du secteur ?

Je reçois des demandes de renseignement sur notre démarche RSE et l’adoption de la qualité de société à mission tous les mois. La demande est croissante, c’est certain. Concernant la filière, il y a énormément de types de structures dans le vin. Beaucoup ne se sentent pas prêtes à se lancer dans ces démarches administratives mais du côté de leurs pratiques c’est très encourageant. Il y a un gros mouvement en Occitanie, j’en suis très fière. De plus en plus d’acteurs du vins occitaniens m’appellent pour concrétiser leurs engagements et leurs démarches. 2024/2025 sera un très bon cru, j’en suis persuadée !

Quels sont les axes de développement de Maison Le Breton ? – Que peut-on vous souhaiter ?

Les Français boivent de moins en moins de vin, ce qui oblige la profession à se poser des questions. Peut-être que notre offre ne correspond plus à leurs attentes ? On essaie de revoir le profil gustatif, en proposant, par exemple, des produits moins alcoolisés. Notre plus gros projet concerne la création d’un parc naturel viticole avec un équilibre parfait entre la vigne et la garrigue.

Ce que l’on peut nous souhaiter ? De toujours trouver la force et l’inspiration de nous engager pour la nature tout en continuant à faire du vin et à offrir du plaisir et du partage en bouteille.

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