Bonjour Aude et Valérie, pourriez-vous vous présenter s’il vous plait ?
Aude Rouyer : Je suis Directrice Purpose and People chez Mirova, responsable des activités liées à la mission et à la raison d’être de l’entreprise, ainsi qu’aux enjeux humains, tels que les ressources humaines, l’expérience collaborateurs et l’organisation interne. Mon rôle couvre tous les aspects « soft » visant à soutenir le développement des activités de Mirova. J’occupe cette fonction depuis trois ans et demi.
Valérie Brisac : Je suis la Directrice Générale de la Communauté des Entreprises à Mission (CEM) depuis un peu plus d’un an. Mon rôle consiste à élaborer la stratégie avec la gouvernance de la CEM et à piloter l’ensemble des activités de l’association.
Aude, vous présidez le Comité de mission de la Communauté des Entreprises à Mission. Quels en sont les principaux objectifs et priorités ?
AR : Le Comité de mission de la CEM, à l’instar de tout Comité de mission, a pour vocation de s’assurer que la CEM mette en place les moyens nécessaires à la mise en œuvre de son modèle de mission, conformément aux conditions définies dans le cadre de sa raison d’être et de ses objectifs statutaires. Il a également pour rôle de veiller à ce que la CEM alimente son modèle de mission et de présenter, chaque année, un rapport de mission dans lequel nous évaluons l’atteinte des objectifs statutaires et des indicateurs établis par la CEM.
Quel est selon vous le rôle du Président de Comité de mission par rapport aux autres membres ?
AR : En tant que Présidente, ma fonction consiste à coordonner le comité, à veiller à ce que les contenus et les ordres du jour des réunions trimestrielles soient alignés avec les objectifs de la CEM et de sa mission. Mon rôle est essentiellement d’animer, d’identifier les thèmes et sujets à traiter en comité, pour qu’ils servent efficacement la mission de la CEM. Il est essentiel de bien orienter les discussions pour qu’elles résonnent avec la mission de l’association. Je considère ma mission comme une boussole : je garantis que les comités soient préparés en collaboration avec la Directrice Générale, Valérie Brisac, et que les thèmes abordés contribuent au développement de la mission de la CEM.
Quelles sont les spécificités de ce rôle, dans le cadre d’une association ?
AR : En tant qu’association, la Communauté des Entreprises à Mission n’a aucune obligation légale d’être dotée d’une mission. Cependant, elle a choisi de s’en attribuer une, estimant qu’il serait incohérent de promouvoir la qualité d’« entreprise à mission » auprès de ses adhérents sans en faire l’expérience et se doter elle-même d’une mission. Cette démarche vise à expérimenter ce levier de transformation. À ce jour, le fonctionnement de son Comité de mission n’est pas fondamentalement différent de celui d’un comité de mission au sein d’une entreprise. Cette observation repose sur ma propre expérience, étant également membre d’un autre Comité de mission et partie prenante du Comité de mission de Mirova. Les objectifs demeurent similaires : veiller à ce que l’association respecte les engagements liés à son statut d’association à mission. Cela dit, nous avons mis à l’ordre du jour du prochain Comité de mission l’exploration de sa spécificité et singularité : il s’agira de mener une réflexion collective sur ce qui pourrait constituer une particularité propre à un Comité de mission d’association.
Comment s’articule le Comité de mission avec les autres instances de gouvernance de la CEM (CA, Conseil scientifique, DG) ?
AR : Je suis invitée permanente au Conseil d’administration, ce qui me permet d’assurer une liaison entre ce dernier et le comité de mission. Après chaque réunion du CA, j’organise une séance de débriefing avec le Comité de mission. Par ailleurs, en collaboration avec le Conseil scientifique, nous travaillons à renforcer les liens, notamment avec son président, Kevin Levillain. Il a récemment présenté les objectifs du Conseil scientifique lors de la dernière réunion du Comité de mission. Nous identifions des sujets d’intérêt commun et prévoyons d’inscrire à l’ordre du jour de l’année 2025 un projet de collaboration autour d’un thème spécifique afin de progresser conjointement. L’objectif est de créer des synergies et de favoriser des échanges constructifs entre les différentes instances de gouvernance. L’idée directrice est d’enrichir la gouvernance de l’association en favorisant une collaboration harmonieuse entre ses diverses entités, afin de générer une véritable valeur ajoutée. C’est dans cet esprit que j’assume pleinement ce mandat. En étroite coopération avec la Direction Générale, nous préparons ensemble les ordres du jour du Comité de mission ainsi que le rapport annuel de mission, en travaillant dans une dynamique de symbiose.
Valérie, vous êtes chargée de concrétiser la mission de la CEM : quels ont été les principaux accomplissements de l’association cette année ?
VB : L’année 2024 fut très riche, nous avons progressé sur les trois piliers de la mission de la CEM : sur le “Partage entre pairs”, nous avons développé le réseau des Ambassadeurs en région, ce qui a permis de proposer des activités de proximité à nos membres et d’organiser de nombreux événements. Nous avons également créé de nouveaux cercles et groupes de travail (par secteur, taille d’entreprise, …). On peut citer également, sur le pilier “Enrichir le modèle”, une nouvelle méthodologie de vérification pour les OTI qui a été développée par le Cercle des OTI réunissant une grande partie des acteurs de ce secteur. Enfin, sur le pilier “Promouvoir le modèle”, le moment fort de l’année fut bien sûr le Congrès Français et Européen des Sociétés à Mission, à la Maison de la mutualité, le 16 mai dernier. Cet événement a permis de mettre en lumière de nombreux exemples réussis d’entreprises à mission, 5 ans après l’entrée en vigueur de la loi PACTE, et de porter notre plaidoyer au niveau européen. Sans oublier bien sûr, la “vie” de la Communauté, avec des moments plus informels comme les petits-déjeuners ou les soirées, comme celle célébrant les 5 ans de l’association en début d’année.
Et quels sont vos objectifs prioritaires pour l’année à venir ?
VB : Nous souhaitons en priorité développer la notoriété du modèle d’entreprise à mission, au travers de nos prises de parole (événements, tribunes, baromètre, …) et par la mise en valeur d’entreprises ayant des missions ambitieuses, avec des résultats, pouvant en inspirer d’autres. Nous souhaitons également continuer à développer des partenariats avec des réseaux d’entreprise qui souhaitent promouvoir le modèle auprès de leurs membres. Enfin, nous continuerons à développer des méthodologies et des décryptages afin de répondre aux besoins des entreprises qui souhaitent s’engager dans cette voie (rôle du Comité de mission, articulation mission/CSRD, …).
Aude, au-delà de votre rôle au sein du Comité de mission de la CEM, vous avez également contribué à une étude sur les attentes des entreprises vis-à-vis de l’Europe, pourriez-vous nous en dire plus ?
AR : J’ai eu l’opportunité de participer à cette étude en collaboration avec Emery Jacquillat. Il s’agit d’une étude qualitative qui a consisté à rencontrer entre 10 et 15 dirigeants d’entreprises à mission, avec un périmètre européen, voire international. L’objectif était de comprendre dans quelle mesure la qualité d’« entreprise à mission » et son modèle pouvaient faire sens pour des entreprises ayant un impact international, et comment cette mission est managée au-delà des frontières françaises. Nous avons également exploré l’intérêt des dirigeants pour la mise en place ou la création d’une réglementation similaire au niveau européen. L’étude visait ainsi à évaluer leur appétence pour une européanisation de la qualité d’entreprise à mission, dans le but de soutenir un tel mouvement.
Les résultats montrent une appétence très forte : les dirigeants interrogés estiment qu’un cadre équivalent au niveau européen aurait beaucoup de sens. Ils privilégient une approche volontariste du modèle et manifestent un réel enthousiasme à l’idée d’un déploiement élargi. Pour beaucoup, un tel modèle européen pourrait constituer un levier puissant pour renforcer et accélérer l’intégration de cette démarche au sein de leurs organisations, notamment pour celles disposant de filiales à l’échelle européenne ou internationale. La prochaine étape consisterait à établir un réseau avec d’autres initiatives similaires, telles que la Società Benefit en Italie, ou encore les initiatives émergentes en Belgique et en Espagne. Nous sommes encore au début de cette démarche, mais il est clair que le développement d’un cadre européen pour les entreprises à mission pourrait donner une impulsion décisive à ce mouvement.